vendredi 1 juin 2012

MON TRAÎTRE


MON TRAÎTRE

Et voilà j'ai enfin lu un Sorj Chalandon! J'en attendais beaucoup, il faut dire qu'il a beaucoup fait parler la blogosphère il y a quelques semaines, à tel point qu'il est devenu urgent que je le découvre!

J'ai décidé de commencer par ce roman simplement parce que c'est un de ses premiers et surtout parce qu'il semblait avoir été un quasi coup de coeur pour beaucoup. 

Je n'irai pas jusque là mais j'ai trouvé que ce roman avait une véritable âme, quelque chose qui ne peut laisser totalement indifférent, même si, en soi, ce n'est pas très exactement mon genre de récit, ni de thématique.

C'est écrit dans un style brut, sans fioritures, aux phrases courtes qui évoquent un peu le chaos, la confusion, le flot de souvenirs qui accourent, un style qui colle bien à ce récit je trouve, à son contexte, à son ambiance. Il y a une foule d'images et de sentiments qui nous traversent à coups de phrases concises et brèves, comme des instants-clichés, "comme dans un film où les mots sont rares", qui rendent la réalité de cette Irlande grondante et pleine de vie complètement palpable.

L'auteur ne nous guide ni ne nous impose aucune façon de comprendre les événements en entortillant les faits dans de longues phrases enjolivées, on est dans le "c'est comme ça", et le "parce que point". J'ai trouvé cette sobriété du style très efficace, comme si elle nous plongeait dans une réalité brute qui n'appelait ni démonstration, ni explication, ni jugement, ni rien.
  
Ça commence avec le narrateur, Antoine, luthier parisien, qui, du jour au lendemain, sans raison logique, tombe en amour avec l'Irlande, "la vraie", et avec ses habitants, jusqu'à vouloir épouser leur cause, leur lutte pour la liberté, et se sentir Irlandais dans l'âme et dans les tripes. J'ai aimé cet aspect de l'histoire, ce personnage qui a eu une véritable révélation pour quelque chose qui, en réalité, le dépasse, mais à laquelle il s'accroche parce qu'il s'y est retrouvé, lui.
Il est, à ce propos, formidablement dépeint et convaincant, c'est le genre de passion insensée que je peux comprendre et à laquelle je peux m'identifier pleinement.

Et puis il y a la rencontre avec son traître, introduit dès les premières pages. Là aussi ça s'est passé aussi simplement que "comme ça", et alors qu'on pourrait s'attendre à ce que tout le récit soit une sorte de règlement de comptes dans le portrait de ce personnage, il n'en est rien.

A travers ce récit, le narrateur témoigne simplement de cette période sinistre et sombre où le quotidien des Irlandais, notamment à Belfast, se résumait dans les affrontements entre l'IRA et les soldats britanniques. J'ai aimé son portrait vibrant, vivant et convaincant des Irlandais, la façon dont il rendait compte de leur dignité et de leur chaleur, de leur humanité brute, de leurs aspirations simples, portrait d'autant plus touchant que leur situation, dont ils ne se plaignent pas, est des plus tragiques. Il était intéressant aussi de comprendre leur point de vue, la façon dont ils vivaient et ressentaient les événements.

Un récit qui comblera particulièrement ceux qui ont des affinités avec le pays et/ou le sujet.


L'auteur
Né en 1952, Sorj Chalandon est un journaliste et un écrivain français. Après avoir travaillé 34 ans à Libération, il est aujourd’hui membre de la rédaction du Canard Enchaîné. Ses reportages sur l’Irlande du Nord et le procès Klaus Barbie lui ont valu le prix Albert-Londres en 1988.

14 commentaires:

  1. Bon, je n'ai pas de truc super intéressant à dire mais comme j'adore parler pour ne rien dire, je vais faire simple et dire que j'ai beaucoup aimé le roman de l'auteur que j'ai lu... et que j'ai bien envie de lire celui-ci!

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    1. Maintenant que j'ai goûté à la plume et à l'univers de l'auteur, satisfaisant ainsi ma curiosité, je ne ressens pas le besoin de me précipiter sur toutes ses oeuvres là tout de suite, mais j'y reviendrai. Je me note La promesse que tu as lu.

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  2. Tsst je vais bientôt être la seule à ne pas avoir lu cet auteur... Tu en parles bien. Pas d'enthousiasme débridé,mais cela ne me gêne pas.

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    1. Ouioui tu as bien compris mon ressenti de lecture, tant mieux. Hé bien je serais curieuse d'avoir ton avis sur cet auteur, pas forcément sur ce roman, quoiqu'il est toujours intéressant de comparer les impressions de lecture. Bon, il est très sûrement à ta bib'.;)

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  3. Il faut qu'on se méfie, à tellement parler de lui, on va finir par le desservir;) Continue vite avec Retour à Killibegs qui est la version du traître et que j'ai trouvé beaucoup plus fort.

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    1. Ah ça, je crois que je n'y échapperai pas à ce Retour à Killybegs précisément parce que j'ai lu Mon traître, quoique j'aurais bien tapé dans un tout autre roman pour me faire une idée plus large du style et de l'univers de l'auteur.
      Oui l'effet du surenthousiasme collectif, quand on parle d'un auteur ou d'un livre, fait qu'on s'attend du coup à quelque chose de terrassant. Je m'attendais à un surhomme, j'ai trouvé l'auteur juste profondément humain^^ (dans le meilleur sens du terme cela dit).

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  4. J'aime l'Irlande mais ce livre ne m'a pas intéressée, ni même touchée : il est froid et il n'y a aucune tension.

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    1. Oui, je vois ce que tu veux dire. C'est peut-être l'effet rendu par le style d'écriture. Je n'ai pas pu moi-même me prononcer pour un enthousiasme confirmé pour ce récit. Cela dit, j'ai aimé ce qui s'en dégageait humainement. Le récit de ce narrateur est une expérience humaine forte qui m'a parlé. Il m'a fait découvrir les Irlandais sous une lumière chaleureuse qui m'a touchée.

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  5. Tout comme Keisha, je n'ai jamais lu de Sorj Chalandon sans que ça ne me manque outre mesure. Mais celui-ci a l'air tout de même intéressant !

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    1. J'étais comme Keisha et toi jusqu'à encore quelques semaines, et puis la blogo est passée par là telle une tornade tentatrice et je n'ai pas pu résister.^^ Bon, ce n'est pas un coup de coeur mais je sais maintenant de quoi on parle quand on parle de Sorj Chalandon.;)

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  6. J'hésite à lire celui ci: j'ai adoré la promesse mais été un peu déçue par le "Le Petit Bonzi,"D'un autre coté j'adore les livres qui parlent de l'irlande... dur dur de se décider!!!!!!!!!!

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    1. :)Je ne peux malheureusement pas te dire si Mon traître te séduira au moins autant que La promesse, ne l'ayant pas lu (je le re-note, tiens!), mais si tu aimes les livres qui parlent de l'Irlande, tu devrais y trouver ton compte.

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  7. Bon, tu sais ce qu'il te reste à faire maintenant... Lire la version du traitre avec "retour à Killybegs" ! Moi, mon traitre est en haut de PAL !

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    1. Oui, je crois que je n'y couperai pas, sinon j'aurai l'impression d'avoir lu un récit incomplet avec Mon traître seul... (soupir). J'aurais dû commencer par La promesse, tiens!

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